Les centres sociaux et les problématiques du vieillissement :
Les Centres Sociaux et Socioculturels (CSX) offrent, en proximité, accueil, animation, activités et services à finalité sociale et pour cela mettent en œuvre différents modes d’interventions selon les territoires, leurs besoins, et leurs ressources. L’initiative est d’associer salariés, bénévoles et habitants dans un projet de développement social local participatif et solidaire destiné à l’ensemble de la population. Bien que soient prises en considération les demandes et initiatives de tout individu, les Centres Sociaux veillent à ce que les personnes dites « vulnérables » participent et soient accompagnées et associées.
De plus, les CSX se présentent comme des entités partenaires au sein de réseaux d’acteurs et maillages parfois complexes, allant du niveau local au niveau régional voire au-delà, pour :
- l’animation et l’accompagnement des personnes âgées
- la prévention des risques et la promotion de la santé (le maintien du lien social à domicile, la lutte contre l’isolement, le soutien des aidants, les relations intergénérationnelles). Ce point inclut la perte d’autonomie et au handicap lié au vieillissement voire au vieillissement de population porteuse de handicap
- la promotion d’actions citoyennes, de participation notamment en lien avec les enjeux d’amélioration de la qualité de vie, l’autonomie des personnes et leur bien-être
Par leurs activités et les différents publics qu’elles concernent, les CSS se confrontent à une réalité sociale aujourd’hui très prégnante : celle du vieillissement de la population associée à la problématique de l’accessibilité des lieux et des services pour des populations qui, lorsqu’elles perdent de l’autonomie , sont confrontées à des enjeux rejoignant ceux liés au handicap. L’évolution démographique de la région des Pays de la Loire la confronte aujourd’hui à cette question sociale. Bien que les centres sociaux, par les différentes formes que revêtent leurs actions, soient d’ores et déjà des acteurs de proximité en lien avec la santé publique et l’accompagnement du « bien vieillir » auprès des pouvoirs publics, le renforcement, le maillage partenarial de l’attention portée à l’égard de cette population devient primordial.
De nombreuses initiatives et démarches ont déjà été entreprises et ont abouti en 2009, à la signature d’une convention de partenariat entre la Fédération des Centres Sociaux de France et les représentants de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse, intitulée « Prévention de la perte d’autonomie : territoire et solidarité entre les âges ». Cette convention, prenant en compte l’hétérogénéité des publics vieillissants, se propose de valoriser leur potentiel. Elle vise à lutter contre l’isolement et à accompagner l’individu dans ses ruptures de vie (retraite, maladie, veuvage etc.) avec pour outils : le développement des liens intergénérationnels, l’échange de savoir-faire et l’adaptation du territoire. Dans cette perspective, les Centres Sociaux cherchent à reconnaître les capacités, le droit à choisir et la « capabilité » des personnes « âgées » et plus largement de toutes les personnes confrontées à des enjeux d’autonomie, en faisant valoir tant les ressources des « trajectoires de vie » que celles du « territoire de vie ».
Ces démarches entreprises sur l’ensemble du territoire national attestent de la volonté des Centres Sociaux de répondre à cette question sociale du vieillissement et de ses conséquences. Cependant, en raison des disparités locales, certains territoires ne disposent pas des moyens nécessaires ou suffisants, provoquant ainsi des situations et des réalités d’actions très inégales.
Problématique :
Les observations menées en interne, les journées de mobilisation et d’échanges et les actions sociales menées par les Centres Sociaux démonteraient des résultats notables. En effet, elles permettraient d’améliorer l’état de santé, l’autonomie et la vie sociale de ces personnes qui vieillissent et seraient donc bénéfiques pour la société toute entière. Cependant l’évaluation ne peut se satisfaire de ce regard porté sur soi qui manque quelque peu d’objectivité.
On peut alors se demander quel est l’impact des actions de solidarité et de proximité généré par les CSX et quelles sont les répercussions au niveau local, régional et national ?
Afin d’agir efficacement, les centres sociaux des Pays de la Loire, estiment aujourd’hui avoir besoin de mieux comprendre les trajectoires de vie ainsi que les effets du vieillissement et de la perte d’autonomie pouvant placer les personnes en situation de handicap. (DMAL, incapacité physique, invalidité…). Dans une optique de construction d’une compréhension plus fine des mécanismes mis en place et de leurs impacts, l’Union Régionale des centres sociaux fait aujourd’hui appel à des chercheurs extérieurs, qui grâce à ses différents outils analytiques et à l’extériorité nécessaire à un travail objectif, obtiendra des résultats pertinents qui témoigneront de la réalité observable sur le terrain. Une telle approche n’a pas pour objectif de produire un satisfecit recensant les retombées positives mais bien de fournir aux centres sociaux (et à leurs partenaires) une grille de lecture, des clés de compréhension, une évaluation sur ce qu’est leur activité aujourd’hui pouvant conduire à des remises en cause, des réajustements et une mobilisation plus efficiente.
Si les acteurs des Centres Sociaux se mobilisent depuis toujours dans des territoires de proximité en créant localement des réponses aux enjeux de société, ces formes de réponses sont aussi diverses que les paysages et les acteurs qui les construisent. Habituer à partager et à échanger en intra, la mobilisation des acteurs des Centres Sociaux sur la thématique sociétale que représente le vieillissement de la population et la perte d’autonomie est peu lisible à plus grande échelle, notamment auprès des politiques publiques mais aussi des acteurs habituellement reconnus (caisse de retraite, santé publique…)
Hypothèse de recherche :
Ainsi une question émerge : Comment estimer l’efficience de l’activité des centres sociaux et socio-culturels, à plusieurs échelles, et les caractériser afin de pouvoir décrire précisément ces phénomènes, en évaluer la portée et les retombées, aussi bien du point de vue du gain économique qu’en termes de bien vivre et de bien vieillir dans différents territoires ?
Pour mener à bien cette étude, la sociologie et la géographie seront appelées à travailler ensemble durant une période de trois ans afin de varier et de croiser les résultats obtenus.
Il s’agit de conjuguer et d’articuler l’activité des CSX avec les ressources individuelles observables à travers les « trajectoires de vie » des personnes (les dynamiques de leur vie personnelle, culturelle et sociale – et économique) et les « territoires de vie » (dynamiques historiques patrimoniales, culturelles et sociales). Cela revient à considérer les expériences de vie comme ressources, le pouvoir d’agir et la participation comme prévention de la dépendance et de la perte d’autonomie et de là, à estimer l’effet que peut avoir l’action ou par défaut l’absence d’action sociale sur ces ressources. L’approche transdisciplinaire alliant sociologie et géographie propose donc de considérer que l’action des centres sociaux constituerait une ressource à la fois sociale et territoriale.
Les enjeux :
- Positionner, légitimer les Centres Sociaux comme acteurs de proximité de la santé publique et de l’accompagnement du «bien vieillir » auprès des pouvoir publics.
- Mobiliser, construire des réseaux de partenariat, favoriser un maillage partenarial, tant au niveau local que régional et de compétences complémentaires, au profit de la prévention des risques liés au vieillissement (Zones blanches, zones d’activités …)
- Démontrer que les partenariats et les actions menées localement par les Centres Sociaux sont modélisables et transposables
- Créer des synergies de partenariat et veiller à l’efficience des financements et co-financements
- Identifier les processus d’ingénierie sociale, promouvoir des bonnes pratiques et les savoirs faire permettant de construire des projets et la transférabilité des pratiques
- Informer et former les acteurs des Centres sociaux dans le champ de l’animation et l’accompagnement du vieillissement, notamment dans le maintien du lien social à domicile, la lutte contre l’isolement, le soutien des aidants, les relations intergénérationnelles…
- Permettre aux Centres Sociaux de mieux appréhender les transformations à opérer pour agir dans le domaine de l’accompagnement du vieillissement
Les objectifs :
Pour ce faire, le projet de recherche est centré sur la démarche d’animation sociale globale d’un territoire dévolue aux Centres Sociaux et Socioculturels (CSX) et particulièrement celle qui touche aux questions de l’accompagnement du vieillissement et l’intervention intergénérationnelle. Ainsi le projet de recherche vise à :
- Mesurer l’expertise des Centres Sociaux et Socioculturels dans la prévention des risques liés au vieillissement et à la perte d’autonomie
- Evaluer les bénéfices potentiels de l’action des centres sociaux en termes d’accessibilité à un ensemble de services et d’actions favorisant la socialisation des personnes en perte d’autonomie (personnes vieillissantes et /ou en situation de handicap)
- Analyser et comparer les pratiques, connaître leur efficacité qualitative, leur transférabilité permettant d’aboutir à une charte de recommandation co-signée par différents acteurs référents dans ce domaine.
- Décrire, mesurer et évaluer les effets produits par des actions et projets d’accompagnement social et de prévention des risques liés au vieillissement par les Centres Sociaux (Traduire les impacts médico-sociaux et psycho-sociaux géographique et économique)
- L’objectif est de construire un appareil d’étude généralisable à d’autres territoires par le développement d’une typologie, la proposition d’outils d’aide au diagnostic et de proposition d’action, de développer les compétences et les emplois des acteurs des CSX en identifiants mieux les besoins, les modes d’intervention et les partenariats