Cet article interroge le concept de “bien vieillir” en mettant en perspective les représentations scientifiques dominantes du successful aging avec les représentations de la vieillesse et du vieillissement exprimées par des nonagénaires et centenaires français. L’approche anthropologique interculturelle permet une remise en question du modèle scientifique porté par les sociétés postindustrielles pour lequel “bien vieillir” reviendrait à ne pas vieillir. À l’inverse, lorsque le vieillissement n’est pas pensé via le prisme de la sénescence, vieillir signifie un changement pouvant être positif pour l’individu à condition que sa culture le permette. Les personnes très âgées établissent une distinction entre vieillir et la vieillesse ; en conséquence, les stratégies pour “bien vieillir” et “faire bonne vieillesse” sont différentes. Il s’agit d’abord de lutter puis de s’adapter en dépassant ses pertes.